Tout abandonner pour réaliser son rêve
L’énergie vous manque chaque matin pour aller au travail ? Repartir de zéro pour faire un métier qui vous tient à cœur est peut-être la solution. Les clés pour réussir sa nouvelle vie.
Pourquoi tout
changer ?
Donner du sens à
sa vie professionnelle
Le temps de
l’entreprise paternaliste, où l’on entre dans le sillage de son père et qui
nous prend en charge quoi qu’il arrive, est révolu. Les parcours professionnels
se sont aujourd’hui fortement individualisés et tout semble possible. “Face à
un monde plus complexe, que l’on appréhende plus difficilement, un nombre
croissant de personnes cherchent à donner du sens à leur parcours. Il s’agit de
trouver sa place à soi pour se protéger des turbulences”, explique Yves
Deloison, auteur de Changer tout et rédacteur en chef d’un magazine éponyme
consacré à la thématique du changement de vie.
Plus seulement
la crise de la quarantaine
il note
cependant une nouvelle tendance. “Auparavant, le désir de se reconvertir
émanait plutôt de quadragénaires. Depuis quelques années, on s’aperçoit que la
frustration que l’on peut ressentir dans son emploi peut arriver plus tôt. J’ai
rencontré bien des trentenaires qui avaient suivi la voie considérée comme
royale par leur milieu social et qui, dès leur premier poste à responsabilités,
avaient pris conscience qu’ils n’étaient pas à leur place. Enfin, on rencontre
également beaucoup de quinquagénaires qui savent qu’ils ont encore 10 ou 15 ans
de carrière devant eux et qui se demandent comment ils vont les occuper.”
Une démarche qui
rentre de plus en plus dans les mœurs
Changer de
métier, y compris lorsqu’il s’agit de prendre un virage en épingle à cheveux,
est une option que la société intègre plus facilement qu’auparavant. Organiser
sa carrière est un impératif auquel les salariés sont de plus en plus
sensibles, d’où l’importance prise dans leur esprit par les dispositifs de
formation continue. 80pc d’entre eux sont même prêts à y consacrer du temps
personnel. “On s’autorise à se poser beaucoup plus de questions. On a moins
envie de subir et plus de construire son parcours professionnel”, conclut Yves
Deloison.
Dès le début, se
poser les bonnes questions
Dresser un bilan
sans complaisance de ce que l’on est
“L’envie de
changer commence par un sentiment récurrent de lassitude, de frustration,
d’insatisfaction. C’est parfois déclenché par un petit événement, comme le
refus d’une promotion, d’une augmentation ou d’une formation”, explique Yves
Deloison. Prendre conscience que la solution réside peut-être dans la
réconciliation entre choix professionnels et choix profonds de vie n’est pas
toujours limpide. Il s’agit de regarder ce qu’on est avec honnêteté, en
particulier savoir reconnaître ce qui est hérité de l’éducation et du milieu
social dans lequel on a évolué. Le bilan de compétences permet de se pencher
sur la question et d’y voir plus clair. Epaulé par un expert de la gestion de
carrière, vous faites le point sur ce qui vous plaît, ce qui vous rebute, ce
pour quoi vous avez une valeur ajoutée. Un tel bilan peut se faire à tout
moment de la vie.
Ne jamais
exclure ses proches
Une fois son
projet plus clairement défini, il faut en parler à ses proches. Yves Deloison
est catégorique : “si l’on vit dans un cercle familial, il faut s’assurer que
votre entourage adhère à votre projet.” Les membres de votre famille seront touchés
par les conséquences de votre choix et doivent donc être pleinement au courant.
Mais dès le premier coup dur, ce sera également eux qui seront à vos côtés pour
vous épauler. Il est donc impératif de s’en faire des alliés. S’il est parfois
difficile de conserver son cercle d’amis intact lorsqu’on passe du statut de
cadre sup en multinationale à celui d’artisan à son compte, il est tout de même
essentiel de ne pas faire table rase. Là encore, les proches peuvent se révéler
de fidèles soutiens lorsque vous en aurez le besoin. Ils peuvent par ailleurs
vous fournir d’intéressants contacts pour le développement de votre nouvelle
activité. Ce n’est pas une fois que vous aurez claqué la porte derrière vous
que vous pourrez revenir à eux pour un service.
Se projeter pour
tester ses motivations
Enfin, vivre de
sa passion, c’est aussi assimiler que tout ne sera pas toujours rose. “Il faut
accepter le fait que l’exercice d’une activité génère des aspects qu’on aime
plus ou moins et pour lesquels on est plus ou moins compétent.” Si l’on est à
son compte par exemple, il y aura toujours la comptabilité à faire, les
fournisseurs à régler à temps, les clients irascibles à contenter et les
banquiers à satisfaire. Anticiper son projet sous cet angle permet de véritablement
tester ses motivations : est-on prêt à faire toutes ces choses qui nous
rebutent pour le plaisir d’exercer tel métier ? Le même raisonnement peut être
appliqué lorsque son rêve est de quitter la ville pour la douceur de la vie
rurale. Un bon exercice : se projeter dans sa vie au milieu de nulle part,
pendant l’hiver, quand il faut faire 30 Kms pour trouver l’hôpital le plus
proche. Seules les vraies motivations ressortiront alors.
Mettre toutes
les chances de son côté
Ne pas
improviser
De même qu’on ne
décide pas sur un coup de tête de tout abandonner pour vivre de son rêve, on
doit construire son projet avec pragmatisme. Une étude de marché si l’on
souhaite créer sa structure, un état des lieux du volume d’offres d’emploi si
l’on souhaite être salarié sont des étapes incontournables. Elles permettent
d’affiner son projet : faut-il changer de zone géographique, mieux cibler la
clientèle potentielle, au contraire prévoir de l’élargir avec une activité
connexe qui vous plaît moins ? Faut-il prévoir une formation spécifique ?
Faut-il envisager une solution de repli sur son ancienne activité en cas
d’échec ? La réponse à toutes ces questions doit intervenir avant que votre
choix ne devienne irrémédiable.
Les différentes
manières de tourner la page
“Claquer la
porte de son ancienne entreprise sans envisager toutes les solutions qui
existent est dangereux”, explique Yves Deloison. Parmi ces solutions, on trouve
les congés longue durée, qu’il soit congé sabbatique ou pour création
d’entreprise. Saisir l’opportunité d’un plan de restructuration de votre
entreprise est une piste à ne pas négliger. “Le temps qu’il se mette en place,
vous pouvez entamer une réflexion sur un projet de reconversion.” Et bénéficier
de certains avantages comme le financement d’un bilan de compétences, le
versement d’une prime pour votre départ. Une solution financièrement plus
intéressante qu’une simple démission.
Penser en détail
son budget prévisionnel
La question
financière est dans bien des cas le nœud de la guerre pour les cadres tentés
par le grand saut. “Il est impératif de réduire ses dépenses, concède Yves
Deloison. Mais la satisfaction ne se situe de toutes façons plus là.” Bien
cerner les dépenses cachées qui peuvent venir perturber votre budget
prévisionnel est indispensable. L’aide d’un expert et mieux encore, les
conseils d’une personne déjà dans le métier sont précieux. Ne pas hésiter dès
le début à tisser son réseau, en repérant les associations adéquates. Les
rencontres faites lors de formations à votre nouveau métier peuvent elles aussi
se révéler d’une grande aide.
Des solutions de
repli, gages de sécurité
Enfin, il ne
faut pas hésiter à envisager des solutions de repli et des activités plus
“alimentaires”. Un artiste devra ainsi se préparer à accepter des missions bien
payées même si elles ne répondent pas à ses critères esthétiques. Garder son
ancienne activité à temps partiel peut aussi être un gage de sécurité et une
porte de sortie appréciable si rien ne se concrétise. En somme, pour mettre
toutes les chances de son côté, il faut envisager tout ce qui peut mal se
passer, tout ce qui fait peur, pour leur trouver en amont des solutions et
ainsi suivre sereinement ses motivations profondes.
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